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Déductibilité des frais de notaire : sont-ils déductibles des revenus fonciers ?

Un investisseur face à son banquier : d’un côté, la certitude implacable d’un coût inévitable ; de l’autre, le silence prudent d’un comptable qui préfère esquiver la question. Les propriétaires oscillent entre l’envie d’alléger la facture fiscale et la réalité, souvent moins séduisante, d’une réglementation ferme. Les frais de notaire, ces montants qui font grimacer à la signature, attisent la curiosité : peuvent-ils vraiment alléger les revenus fonciers, ou relèvent-ils de la simple illusion comptable ? Derrière le formalisme des études notariales, la fiscalité déroule ses règles avec une précision implacable.

Comprendre la composition des frais de notaire lors d’un achat immobilier

Sous l’étiquette unique de frais de notaire se cache un assemblage bien plus complexe qu’il n’y paraît. À l’achat d’un bien immobilier, la note s’élève en moyenne à 7 ou 8 % du prix dans l’ancien, à peine moins dans le neuf. Mais le notaire n’empochera qu’une mince portion de cette somme. En réalité, ces frais se fragmentent en plusieurs postes :

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  • Honoraires du notaire (ou émoluments) : fixés par l’État, ils rémunèrent la rédaction de l’acte authentique. Leur part reste modeste, souvent autour de 1 % du montant de la transaction.
  • Débours : le notaire avance des frais pour obtenir divers documents (cadastre, urbanisme, publication hypothécaire…). Il se fait ensuite rembourser ces dépenses réelles.
  • Impôts et taxes : la plus grosse part revient à l’État et aux collectivités. Droits de mutation et taxe de publicité foncière pèsent lourd dans la balance. Le notaire ne fait que collecter ces sommes pour les reverser au fisc.

Il ne faudrait pas confondre avec les frais de garantie exigés par la banque lors de l’octroi du prêt immobilier : hypothèque, privilège de prêteur de deniers ou caution, qui génèrent aussi des dépenses, mais d’une nature distincte. Même confusion possible avec les frais facturés par l’agence immobilière pour la recherche ou la gestion du bien, qui s’ajoutent à la note, mais n’entrent pas dans le calcul des frais de notaire.

Un coup d’œil attentif à la facture du notaire permet de séparer ce qui lui revient en propre, ce qui sera reversé à l’État, et ce qui concerne des tiers. Dans l’immobilier, la transparence a un prix, et il se lit dans le détail des postes facturés.

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Frais de notaire et revenus fonciers : une déduction possible ?

La fiscalité n’accorde pas la même indulgence à toutes les dépenses. Sur le terrain des revenus fonciers, l’administration procède à un tri strict : seuls les frais visant à conserver ou à percevoir le revenu locatif sont admis en déduction. Les frais de notaire liés à l’achat du bien, eux, restent à la porte de la déclaration pour les logements loués nus sous régime réel ou microfoncier. Ici, la règle ne souffre guère d’exception : acquisition et défiscalisation ne font pas bon ménage.

  • Pour la location nue et la SCI à l’IR, la déduction des frais de notaire est exclue, même avec le régime réel. Le microfoncier, avec son abattement automatique de 30 %, ignore purement et simplement cette dépense.
  • En location meublée au régime réel (LMNP ou LMP) ou en SCI à l’IS, la logique bascule. Le propriétaire peut amortir le bien, y compris les frais de notaire et d’acquisition, répartis sur la durée d’usage du bien.

Un détour par la loi Pinel : là encore, impossible de déduire les frais de notaire des revenus fonciers, mais ils s’ajoutent au prix de revient pour calculer le bénéfice fiscal. Les régimes forfaitaires (microfoncier, micro-BIC) n’ouvrent aucune brèche : l’abattement global remplace toute déduction individuelle.

En résumé, seuls les régimes de location meublée au réel et les sociétés soumises à l’impôt sur les sociétés acceptent la déduction ou l’amortissement des frais de notaire. Les autres propriétaires devront composer avec l’exclusion ferme dictée par la loi.

Cas pratiques : ce que dit la fiscalité selon le type de location ou de régime

Tout dépend du régime fiscal choisi et du type de location. Certains ouvrent la voie à des déductions précises, d’autres imposent un abattement uniforme, sans nuance possible.

  • Location nue au régime réel : seuls les frais de gestion, d’entretien, de réparation, les intérêts d’emprunt, ou encore les frais de garantie bancaire sont pris en compte. Les frais de notaire et d’agence liés à l’acquisition ne sont jamais mentionnés sur le formulaire 2044.
  • Location meublée au régime réel (LMNP, LMP) : ici, les frais de notaire comme ceux d’agence peuvent être amortis. La déclaration s’effectue via le formulaire 2031.
  • SCI à l’IS : la possibilité d’amortir s’étend à tous les frais d’acquisition, qu’il s’agisse du notaire ou de l’agence immobilière.
  • Régimes micro (microfoncier, micro-BIC) : seul l’abattement forfaitaire s’applique (30 %, 50 % ou 71 % pour la location saisonnière classée). Impossible d’aller plus loin.

La loi Pinel n’accorde aucune déduction sur les revenus fonciers pour les frais de notaire, mais ceux-ci sont intégrés dans le prix de revient servant au calcul de la réduction d’impôt ou de la plus-value en cas de revente.

À noter : les frais d’agence pour la gestion locative restent déductibles au régime réel, tout comme les frais de garantie bancaire, sous réserve de ne pas dépendre d’un régime forfaitaire.

Le déficit foncier, généré lorsqu’un propriétaire supporte plus de charges que de loyers, peut s’imputer sur le revenu global dans la limite de 10 700 € et se reporter sur les revenus fonciers des dix années suivantes. Un levier à ne pas négliger.

frais notaire

Conseils pour optimiser la gestion fiscale de vos frais de notaire

Savoir distinguer frais d’acquisition et charges déductibles, c’est déjà faire un pas vers une fiscalité mieux maîtrisée. Si les frais de notaire n’allègent pas les revenus fonciers dans la plupart des cas, d’autres dépenses, souvent laissées de côté par manque d’attention, peuvent réduire la facture fiscale au régime réel.

  • Pensez à inscrire systématiquement les intérêts d’emprunt et frais bancaires liés au crédit : ce sont des charges déductibles à part entière.
  • N’oubliez pas les frais de gestion, de procédure, de réparation, d’entretien et d’amélioration, pour peu qu’ils servent à maintenir ou valoriser le bien en location.
  • Ajoutez les provisions pour charges de copropriété, taxes foncières et primes d’assurance dans vos déclarations.

Le déficit foncier, lorsque les charges dépassent les loyers perçus, peut venir en déduction du revenu global, dans la limite de 10 700 € par an, avec report possible sur dix ans. Gardez toutes les pièces justificatives : seules les dépenses effectives et prouvées sont retenues par l’administration.

En location meublée sous régime réel, amortissez les frais de notaire sur la durée d’utilisation du bien. Pour une SCI à l’IS, cet amortissement s’étend à tous les frais d’acquisition.

À chaque achat immobilier, un arbitrage s’impose : analysez chaque poste, choisissez votre régime fiscal en connaisseur, et préparez votre stratégie patrimoniale avec la précision d’un horloger. La fiscalité ne pardonne ni l’improvisation, ni l’approximation : chaque dépense pèse et chaque choix trace la route du propriétaire averti.

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